Les risques psychosociaux
Les risques psychosociaux, tout le monde en parle, mais qui sait réellement ce que cela recouvre ? Et surtout comment les prévenir. Ce sont des risques qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur un collectif de travail et toucher durablement la performance de l’entreprise. Les combattre demande de la méthode mais également un engagement franc et massif de la part des dirigeants.
Beaucoup de directions générales observent actuellement des tendances qui interpellent : apathie des équipes, baisse de l’engagement, difficultés à recruter, attractivité en baisse, recherche du sens du travail… »
Ce constat de Mathieu Detchessahar, professeur des universités à l’université de Nantes et chef du laboratoire d’économie et de management de Nantes-Atlantique, est largement partagé dans le monde entrepreneurial.
Sans être forcément synonymes de risques psychosociaux (RPS), ces signes peuvent néanmoins s’avérer annonciateurs d’une dégradation silencieuse et durable du climat social d’une entreprise.
Et indiquer que c’est le moment de s’interroger sur l’émergence de tels risques au sein de l’entreprise.
À l’instar de tous les risques professionnels, les RPS doivent faire l’objet d’une évaluation, être inscrits dans le document unique afin que soit ensuite défini un plan d’action qui sera décliné sous forme d’actions concrètes pour prévenir leur survenue. Mais mettre en œuvre des actions n’est pas toujours chose facile.
Si les risques psychosociaux sont aujourd’hui connus, tout le monde n’en a pas la même représentation, ni la même définition. « C’est pourquoi il est impératif de commencer par bien comprendre ce que c’est, ce que cela recouvre, de quoi on parle, insiste Valérie Langevin, experte d’assistance conseil à l’INRS. Cette base est un élément fondamental pour entreprendre et réussir une démarche de prévention. » Et pour qu’une démarche soit efficace et pérenne, ce sont les dirigeants qui en constituent les acteurs incontournables et qui doivent prendre en main le sujet.
Amener les futurs managers à la réflexion pour les sensibiliser
Un des grands enjeux actuels est d’aborder, dès la formation initiale des futurs cadres et dirigeants d’entreprise, les questions de santé et sécurité au travail, parmi lesquelles la prévention des RPS.
En l’absence d’une ferme conviction de leur part de l’importance de la thématique et d’un appui réel auprès de leurs équipes, rien ne pourra être mis en œuvre efficacement. Ils doivent porter le projet, impulser la dynamique collective nécessaire, même s’ils délèguent ensuite sa mise en œuvre. Car prévenir les risques psychosociaux reste un travail de fond, qui se déroule sur un temps long, avec des moments de doute, des avancées timides avant d’aboutir à des effets concrets. Il faut par conséquent être convaincu du cap à tenir, même quand les vents sont contraires.
Dans cette démarche, les dirigeants doivent se questionner sur leur organisation et mettre en place des outils pour favoriser la communication interne.
S’interroger sur l’organisation du travail s’avère plus long, complexe et moins consensuel, mais les gains en termes d’efficacité sont importants et les effets d’une telle démarche sont durables. Pour déployer un plan d’action efficace il faut avant tout faire un diagnostic complet de la société.
Les risques psychosociaux correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non :
- Du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;
- Des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;
- Des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).
Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail.
En matière de risques psychosociaux, il est aisé de trouver beaucoup de raisons, souvent mauvaises, qui concourent à repousser le passage à l’action. Faute d’agir suffisamment tôt, des dégradations discrètes mais durables du climat social, des conditions de travail, peuvent aboutir à de gros blocages : mouvement de grève spontané, baromètre social aux résultats en décalage avec la perception de la direction…
La prévention des risques permettra d’éviter des situations de conflits ou délicates.